La reconstruction mammaire : un choix personnel
Dernière mise à jour : 26 févr. 2019

Chaque année, en France, vingt mille femmes subissent une mastectomie (ablation totale du sein). Un peu plus d’un tiers seulement se font reconstruire.
La reconstruction mammaire n’est pas une décision à prendre à la légère, elle n'est pas obligatoire et doit résulter d'un choix personnel. Choisir de se faire reconstruire, c'est une nouvelle longue étape après les traitements, c'est s'engager sur un abonnement annuel au bloc opératoire!
Attention, même si la chirurgie permet de très jolis résultats, ton nouveau sein, ne sera pas exactement comme celui d'avant.
il n'y a pas de date limite pour choisir de te faire reconstruire. La reconstruction mammaire est prise en charge à 100 % dans le cadre de l'ALD (affection longue durée) sur la base du tarif de l'Assurance maladie, perso je n'ai eu aucun frais supplémentaire. Cependant, fais attention, certains établissements privés pratiquent des dépassements d'honoraires qui resteront à ta charge, donc renseignes toi bien à ce sujet.
Quelle méthode choisir?
Chaque personne est unique, selon ta morphologie, tes traitements antérieurs, tes choix personnels...le chirurgien pourra te proposer différentes méthodes de reconstruction.
De manière générale, il faut compter minimum 3 interventions.
-La première opération a pour but de reconstruire le volume du sein.
-La seconde consiste à harmoniser les deux seins afin d’améliorer le résultat esthétique.
-La troisième, consiste à refaire la zone de l’aréole et du mamelon.
Il existe 2 grands types de reconstruction. Pour t'aider à mieux comprendre, tu trouveras quelques vidéos de ChuispasDocteur avec l'adorable Lili Sohn.
La Reconstruction avec prothèse en silicone :
La reconstruction par prothèse n'est pas adaptée à toutes les femmes. Pour ma part, le chirurgien me l'a déconseillé, estimant que ma peau avait été trop fragilisé par la radiothérapie.
Le chirurgien pourra te proposer de reconstruire ton sein avec une prothèse silicone si ta peau et tes muscles sont de bonne qualité et n'ont pas été altéré. Lorsque la peau est de bonne qualité, mais en quantité insuffisante, il est souvent proposé dans un un premier temps d'employer une prothèse d'expansion (expandeur) constituée d'une enveloppe de silicone qui sera gonflée progressivement. La prothèse silicone sera mise en place dans un second temps.
Ta prothèse n'est pas définitive et devra être changée environ tous les 10 ans. Parfois, une coque douloureuse peut se former autour de la prothèse.
La reconstruction mammaire autologues (avec tes propres tissus):
Pour ce type de reconstruction, le chirurgien va utiliser ta propre graisse, peau ou muscle, au niveau du ventre, des fesses, du dos ou de l’intérieur des cuisses.
Le sein ainsi reconstitué a un aspect plus naturel et esthétique que la reconstruction avec prothèse en silicone. Le sein opéré suit en principe une évolution naturelle au cours du temps, similaire à celle du sein opposé. Cependant, l’opération est plus lourde et les suites opératoires plus difficile.
Attention ! ces méthodes sont contre-indiquée chez les fumeuses, qui ont une moins bonne vascularisation de leurs tissus).
Plusieurs zones de prélèvement sont possibles, les méthodes les plus courantes sont :
- Le DIEP
Cette intervention consiste à prélever de la peau, du tissu adipeux (graisse) et des vaisseaux sanguins de l’abdomen et à les transférer sur le thorax pour former le sein. Les chirurgiens plasticiens recourent à la microchirurgie pour raccorder les minuscules vaisseaux sanguins du lambeau à ceux situés à l’emplacement du nouveau sein.
- Le"grand dorsal" consiste à glisser un ensemble de peau, de tissus adipeux (graisse) et la partie supérieure du muscle du dos sous la peau jusque sur le thorax. C’est ce qui forme le sein.
- Le lipomodelage ou lipofilling peut être utilisé seul ou en complément d'une autre technique.
Le principe est de récupérer de la graisse sur des sites donneurs par lipoaspiration. La graisse est ensuite purifiée et réinjectée au niveau du sein à reconstruire ou à corriger.
Ma reconstruction par grand dorsal
La décision de se faire reconstruire, résulte d'une décision personnelle, et je comprends pleinement les femmes qui décident de rester amazone. Après la longue étape traitements anti-crabe, une année de chirurgie ne fait pas forcément rêver.
Pour ma part, la décision de reconstruction était une évidence dès l'annonce de la mastectomie. Je pense que cette perspective m'a permis de mieux accepter, l'inacceptable : la perte de mon sein.
Je n'ai pas trop mal vécu cette période de "mononib" car je savais qu'elle serait provisoire.
Cette reconstruction est pour moi, l'ultime étape de la maladie, celle qui met un point final à cette épreuve, une sorte de revanche, une façon de récupérer ce que le cancer m'a volé.
J'ai choisi la méthode du grand dorsal sur les conseils de mon chirurgien. L'idée d'avoir un corps étranger à l'intérieur de moi ne me plaisait guère, j'avais donc d'emblée exclue la prothèse .
Le muscle grand dorsal est un muscle mince et étendu de la région du dos. Lors d'une reconstruction , le chirurgien prélève ce muscle et la quantité de peau dont il a besoin dans le but de reformer le sein enlevé. Ce lambeau musculo-cutané reste relié à l’aisselle par l’artère, le nerf et la veine du creux axillaire qui lui permettent de rester vivant.
Le chirurgien introduit le lambeau par l’aisselle et le fait glisser sous la peau du thorax jusqu’au sein à reconstruire.

Pour te donner une petite idée du résultat de cette 1ère intervention (octobre 2018), voici une photo une quinzaine de jours après la chirurgie. Attention! chacune de nous est différente et le rendu ne sera pas forcément identique.
Niveau post opératoire, je ne vais pas te mentir, j'ai connu des jours meilleurs, mais rien n' est insurmontable!
Je suis restée 5 jours à l’hôpital et il m'a fallu environ 2 mois pour récupérer toute la mobilité de mon bras. Je n'ai pas eu besoin de séances de kiné, j'ai fait quelques exercices chez moi, toute seule, comme une grande!:)
Côté cicatrice, chaque chirurgien à sa méthode. Ma cicatrice est sous le bras et dépasse légèrement dans le dos, au niveau de la bretelle du soutif, en lingerie ou maillot de bain, elle reste très discrète.
Ha oui, tu aperçois aussi des sortes de trous sous le sein, ce sont les points qui permettent de reconstruire le sillon mammaire, rassures toi, ils s'estompent très vite.
Dans la majorité des cas, le volume de muscle transféré est insuffisant par rapport au volume de l’autre sein, certaines personnes pourront bénéficier d'une petite prothèse pour compléter ou de lipomodelage, j'ai eu droit à la seconde option.
Le lipomodelage, je t'en ai parlé un peu plus haut : Le principe c'est de récupérer de la graisse par lipoaspiration et de l'injecter dans ton nouveau néné.
Si tu parles de cette méthode à tes proches, attends toi à avoir une liste d'âmes charitables souhaitant te faire don de leur excédant de graisse:)

L'intervention n'est pas douloureuse et souvent pratiquée en ambulatoire, c'était mon cas.
Par contre, hématomes +++ garanties, attends toi à avoir 2/3 jours un peu douloureux, mais ce désagrément est vite oublié quand tu découvres ton nouveau néné, que du bonheur et beaucoup d'émotion!
Chez certaines femmes, il est nécessaire d'avoir plusieurs interventions de ce type. Perso, je ne sais pas encore, il faut attendre un peu pour voir comment évolue ce nouveau néné.
Suivant ta morphologie, ton autre sein, ton envie...ton chirurgien te parlera de symétrisation.
Il s'agit d'opérer le sein restant pour qu'il soit esthétiquement harmonieux avec ton nouveau boobs. Parfois, il faudra diminuer le volume, ou le remonter un peu. Pas d’inquiétude, ce n'est pas douloureux, il t'en coûtera simplement encore quelques hématomes et cicatrices supplémentaires, mais quand tu en arrives à ce stade, tu ne comptes plus vraiment!)
Enfin l'ultime étape est la reconstruction par chirurgie ou tatoo du téton. Je n'ai pas encore pris de décision, mais je pense que j'irai voir Alexia Cassar, notre fée du téton.
Je te parlerai de cette dernière étape dans un second article, car là aussi il existe différentes possibilités.
Alors non, la reconstruction mammaire après une mastectomie, n'est pas un long fleuve tranquille... il faut se sentir prête à affronter cette nouvelle longue épreuve.
Pour ma part, je ne regrette rien...hâte de remettre ma lingerie et mes petites robes d'été...qui s'annonce chaud chaud chaud!:)